Carnet de bord – décembre 2021

Un mois de novembre bien rempli vient de s’achever. Depuis 21 jours, sans interruption, chaque matin, levé avant l’aube, je parcours la campagne avec ma caméra pour de derniers plans de paysages.
Attendre. Beaucoup attendre. La bonne lumière, la brume, le soleil, le nuage, le vent, le passage de l’oiseau…
Et attendant, penser au film, m’imprégner de cette nature dont je voudrais qu’elle soit sa substance, sa basse continue.
Ultime étape des prises de vues, méditative donc — et à l’air libre, avant l’enfermement dans la salle de montage…
Cette session a débuté en petite équipe, avec Julia et Nicolás. D’abord autour de Paris pour quelques paysages urbains, puis en Seine-et-Marne chez mon ami Bruno, le compositeur du film, d’où provient cette image. Elle s’est poursuivie chez moi dans le Vaucluse, où j’ai été accompagné par Julia, puis où j’ai terminé de tourner seul.
Le 2 décembre, après le coucher du soleil, dans les toutes dernières lueurs d’un jour pluvieux, j’ai filmé au bord de la Durance la danse inattendue d’un vent tournoyant avec grâce dans un parterre d’herbes hautes.
J’ai pris cette danse comme un cadeau, et le signe que j’avais désormais toutes le images. Qu’enfin, le montage allait pouvoir commencer.
Je raconte cette anecdote ici parce qu’elle me semble représentative de comment on fait ce film, et de ce en quoi je crois. Être à l’écoute, ne rien chercher à obtenir de force, laisser le temps s’écouler et les choses venir à soi selon leur propre rythme.
J’ai essayé de suivre ce principe à chaque étape, chaque repérage, chaque rencontre, chaque répétition, chaque tournage, avec l’intuition forte que ce film devait se faire de cette manière, et qu’alors une certaine philosophie de l’écoute transpirerait, en quelque sorte, des images. Ne pas trop vouloir, ne pas trop toucher les choses, et les laisser advenir d’elles-mêmes…
La longue route de la post-production, qui s’ouvre maintenant devant nous, me semble appeler la même attitude — la même patience.